Le transport représente 31 % des émissions de gaz à effet de serre de la France, la part la plus importante des émissions du pays. Pour atteindre nos objectifs de décarbonation du secteur et améliorer notamment la qualité de l’air, nos habitudes doivent évoluer. Mais de quelle manière ?
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Revenir à une plus grande proximité
En plusieurs décennies, nous nous sommes éloignés de nos lieux de travail, de consommation, d’accès aux soins… En cause, le développement de transports plus performants et surtout de la voiture, qui nous permettent d’aller plus loin, et plus vite.
Le premier levier d’action préconisé par la Stratégie nationale bas carbone pour réduire les émissions de CO2 des transports est d’abaisser le nombre de kilomètres parcourus chaque jour par les Français.
Et donc, de revoir les distances qui séparent nos différents lieux de vie, grâce à des politiques publiques qui encouragent et favorisent la proximité. Jusqu’à présent, notre mobilité a été façonnée par cette course à la vitesse, par le développement d’infrastructures autoroutières et de parkings, et par la concentration de pôles d’activités qui rendent indispensable l’utilisation de la voiture.
Le préalable à toute politique de mobilité et d’aménagement du territoire doit poser cette notion de proximité. Se pencher sur les politiques de réduction de la vitesse, revoir les fiscalités qui encouragent l’éloignement (et favorisent la voiture et l’avion), repenser l’urbanisme pour inciter le recours aux mobilités actives : autant de pistes pour soutenir et amplifier des pratiques et déplacements plus responsables.
Former aujourd’hui les usagers de demain
Dans tous les domaines, donner aux enfants les bons réflexes dès le plus jeune âge, c’est façonner des adultes responsables. Il en va de même pour la mobilité. Habituer les futurs citoyens à se déplacer moins, et mieux, est indispensable.
37 % des enfants de 6 à 10 ans et 73 % des jeunes de 11 à 17 ans n’atteignent pas les recommandations en matière d’activité physique. Qui dit activité physique, dit pratique sportive ainsi que la marche ou le vélo au quotidien. Or, nos enfants vont de moins en moins à pied ou à vélo à l’école, véhiculés le plus souvent par leurs parents qui ont toutefois envie que cette habitude change. Mais comment faire ? En commençant par réduire les vitesses et le trafic sur les axes qui desservent les établissements et aménager des itinéraires piétons et cyclables sécurisés et continus vers les écoles, collèges et lycées ! La mise en place de rues scolaires préconisée par l’ADEME recueille tous les suffrages : 87 % des parents sont favorables à ce dispositif, car il sécurise les trajets et réduit la pollution. Il est primordial également d’écouter l’avis des enfants : ce sont des usagers de la ville et des transports souvent oubliés, qui font l’objet de l’étude « Faire la taille. Pour des territoires à hauteur d’enfants », de l’ADEME, à paraître prochainement.
Trajets partagés et mobilités actives
Nos usages sont encore très centrés sur la possession et l’utilisation d’une voiture. Pourtant, des options existent, comme le covoiturage et l’autopartage, et bien sûr la marche et le vélo pour les déplacements de proximité.
Le covoiturage met en commun des trajets, et l’autopartage met en commun des voitures. L’un réduit le nombre de kilomètres parcourus, et l’autre limite le nombre de véhicules en circulation. Le covoiturage peut se mettre en place au quotidien pour aller travailler, ou ponctuellement pour des destinations plus éloignées. L’autopartage répond surtout à un besoin ponctuel, pour des usagers urbains bien dotés en offres alternatives de transport. Ces modes de transports alternatifs sont à combiner avec l’usage des mobilités dites « actives ».
Le Gouvernement a ainsi lancé son Plan marche et vélo 2023-2027 et l’ADEME pilote depuis 2019 les programmes AVELO 1, 2 et 3 qui ont pour objectifs de soutenir 1 000 territoires peu denses et péri-urbains dans la planification, l’expérimentation, l’évaluation et l’animation de leur politique cyclable.
Et si on allait au travail autrement ?
La France compte 20 millions de salariés dans le secteur privé. Ce qui représente au moins autant de déplacements associés. Agir sur cette cible est donc un enjeu prioritaire.
Pour réduire les déplacements domicile-travail en voiture, il existe un ensemble de solutions. Encore faut-il que les salariés en aient connaissance et puissent en faire l’expérience. Depuis la loi d’orientation des mobilités (LOM), les entreprises de plus de 50 salariés ont l’obligation de parler de la mobilité dans les négociations annuelles. Pour favoriser l’engagement des employeurs, un forfait mobilités durables a été mis en place qui prend en charge les frais de transports de leurs salariés lors de leurs trajets domicile-travail s’ils utilisent un moyen de transport alternatif. Une prise en charge exonérée de cotisations sociales. Et c’est efficace : mettre en place le forfait mobilités durables double la pratique du vélo dans l’entreprise !
La mobilité : un droit pour tous
Pour plus de 4 Français sur 10, les déplacements quotidiens sont une expérience difficile. Une inégalité devant la mobilité aux origines multiples : territoriale, sociale, économique ou liée au handicap.
Avoir du mal à se déplacer, cela signifie pour certains Français en situation de précarité de devoir refuser un poste ou une formation, pour d’autres de renoncer à réaliser certains examens médicaux, et pour les seniors, cela signifie ne plus sortir de chez soi et donc s’isoler… La mobilité est un droit pour tous, où que l’on se trouve en France. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une injonction à se déplacer, mais plutôt de donner les moyens à tous d’accéder aux biens et aux services essentiels. Pour l’ADEME, qui finance et participe activement aux travaux du Laboratoire de la Mobilité inclusive, traiter de mobilité inclusive, c’est accompagner les plus vulnérables en évaluant les freins, les contraintes, et les possibilités d’apprentissage pour déterminer une capacité à se déplacer. La mobilité inclusive se place aux croisements de grands enjeux socio-économiques et environnementaux de la transition écologique et sociale.